Si la priorité a d’abord été donnée à l’accès au travail, la formation apparaît désormais comme essentielle pour stabiliser les parcours et construire de véritables projets professionnels. À partir d’enquêtes de terrain, ce Céreq Bref présente les logiques de formation observées dans ces milieux de travail singuliers, et les différents rapports à la formation qu’entretiennent ces salarié·es, fragilisé·es par des parcours souvent faits de ruptures.
« On n’a pas tout essayé contre le chômage de longue durée » : tel est le mot d’ordre des promoteurs de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), mise en œuvre par deux lois en février 2016 et décembre 2020 sur des territoires habilités (voir encadré 1). Partant du principe que toute personne est employable pour peu qu’elle puisse accéder à l’emploi et choisir son activité, l’expérimentation propose un emploi en CDI et à temps choisi à toute personne volontaire privée durablement d’emploi depuis plus d’un an, au sein d’entreprises spécifiquement créées dans ce but : les entreprises à but d’emploi (EBE). Le repérage préalable des souhaits et des compétences des personnes volontaires oriente le choix de l’activité de l’entreprise, sur le principe de la non-concurrence avec d’autres entreprises locales. Par cette démarche innovante dans le champ des politiques d’insertion, l’accès à l’emploi devient un droit effectif, sans sélection ni prérequis de qualification.
Les premiers rapports d’évaluation de cette expérimentation soulignent toutefois qu’une fois l’entreprise créée, la formation, initialement absente du modèle proposé, s’impose rapidement comme une nécessité au sein de ces entreprises. En 2021, le décret d’application de la deuxième loi précise alors que l’entreprise à but d’emploi doit s’engager sur un prévisionnel annuel de recrutements, et sur des modalités d’accompagnement avec « des actions de formation professionnelle ou de validation des acquis de l’expérience nécessaires à la réalisation du projet professionnel des personnes embauchées ».
En raison de la priorité donnée à l’emploi, la formation a été peu développée au démarrage de l’expérimentation. Aujourd’hui, ne serait-elle pas déterminante pour assurer la soutenabilité du travail au sein de ces entreprises ? Comment celles-ci répondent-elles à la double injonction de créer des emplois sans sélectionner et de former pour répondre aux projets des salarié·es ? À partir des résultats d’une recherche réalisée dans 11 de ces entreprises, ce Céreq Bref propose d’analyser les pratiques de formation et les rapports à la formation des salarié·es en EBE.