Quatre milliards d’euros de dépenses en moins. C’est, selon la ministre Astrid Panosyan-Bouvet, l’ampleur de l’effort budgétaire attendu au niveau des crédits de la mission Travail et emploi, dotée de 20 milliards d’euros pour 2025. La coupe est encore plus élevée que ce que prévoyait la première version du PLF sous le gouvernement de Michel Barnier (lire notre article du 11 octobre). Sollicité, le ministère du Travail ne fournit pas la ventilation détaillée des crédits définitifs.
Du côté des opérateurs, France Travail échappe finalement aux 500 millions d’euros d’économies envisagés à l’automne. Sa subvention s’élèvera en 2025 à 1,316 milliard d’euros. Une stabilité en trompe-l’œil au vu de la hausse possible du nombre de demandeurs d’emploi voire de bénéficiaires du RSA à accompagner dans le contexte de l’entrée en vigueur de la loi Plein emploi. Les missions locales essuient une baisse de 5,8% des autorisations d’engagement sur leur enveloppe dédiée au fonctionnement ainsi qu’à la mise en œuvre du CEJ (lire notre article).
Formation des demandeurs d’emploi : crédits en baisse
Côté formation des demandeurs d’emploi, conformément aux engagements pris par l’Etat (lire notre article de mars 2024), les régions devraient toucher 1,1 milliard d’euros au titre de la formation des demandeurs d’emploi pour 2025. Toutefois, "aucune convention Etat/région n’est encore signée, nous mettant de fait dans une grande difficulté vis-à-vis de nos publics et de nos partenaires de l’emploi et de la formation", alerte Régions de France dans un courrier envoyé le 24 février dernier à la ministre du Travail. En revanche, les financements PIC versés via France Travail sont en recul de 230 millions d’euros par rapport au budget 2024.
L’enveloppe dédiée aux employeurs d’apprentis s’établit à 3,1 milliards d’euros contre 3,9 en 2024. Une diminution qui passe notamment par une coupe de la prime dédiée aux employeurs de plus de 250 salariés qui passe à 2.000 euros (lire notre article du 24 février). Et lorsque le diplôme ou titre visé équivaudra au moins au niveau Bac+3, est prévue une participation de l’employeur dont les conditions seront définies par décret, diminuant d’autant la prise en charge par les opérateurs de compétence. La modulation du financement des formations à distance est également au programme.
Inquiétudes dans le monde de l’insertion
La loi de finances 2025 a fait vivement réagir le secteur non-lucratif, pourvoyeur d’une partie des solutions d’insertion auprès des publics les plus en difficulté. L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire déplore le recul voire l’absence du soutien public en faveur de certains dispositifs : abandon des emplois francs destinés aux habitants des quartiers prioritaires, division “par trois ou quatre” des Parcours emploi compétences (PEC) ou encore "suppression de 5.000 postes d’adultes-relais" réservés à des personnes d'au moins 30 ans sans emploi, vont affecter les employeurs comme les publics dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
S’y ajoute surtout une "fragilisation importante du secteur de l’insertion par l’activité économique" qui lui aussi n’a pas manqué de monter au créneau pour déplorer les coupes budgétaires en pleine réforme de l’accompagnement des allocataires du RSA. Avec 50 millions d'euros en moins pour les aides aux postes et 30 millions d'euros en moins pour le PIC IAE, ce sont 11.000 accompagnements et 30.000 formations qui ne pourront être dispensés, selon le Collectif IAE. De quoi fragiliser les QPV mais aussi les jardins partagés, épiceries solidaires, et autres ressourceries présentes dans les zones de revitalisation rurale. Mais aussi aggraver les "difficultés économiques et financières des SIAE" avec le risque d’arrêts d’activité, de licenciements et de fermetures de structures, selon le collectif.
Les maisons de l’emploi préservées
Si les maisons de l’emploi conservent leur dotation de 5 millions d’euros et ont obtenu l’engagement de maintien des financements des postes de facilitateurs de clauses d’insertion par fléchage de crédits existants, elles observent la situation avec inquiétude. "Les conseils départementaux sont à l’os et coupent leurs budgets dédiés aux ateliers et chantiers d’insertion qui sont parfois cofinancés par les plans locaux d’insertion et de l’emploi", explique la déléguée générale d’Alliance Villes Emploi, Lucie Becdelièvre. En pleine montée en charge de la loi pour le plein emploi, les départements vont recevoir 168 millions d’euros pour la mise en œuvre de l’accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA. 70 millions d’euros sont prévus en 2025 pour l’expérimentation zéro chômeur de longue durée, une dotation jugée satisfaisante pour l’association qui chapeaute le dispositif.