Baisse des intentions d’embauches pour 2025 : aucune région n'est épargnée

En 2025, les intentions de recrutement vont baisser de 12,5% par rapport à 2024, relève l’enquête sur les besoins de main-d’œuvre pilotée par France Travail. Une baisse qui ne devrait épargner aucun secteur d’activité ni aucune région.
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Dans sa traditionnelle enquête sur les besoins de main-d’œuvre, France Travail évalue pour 2025 à 2,4 millions le nombre d’embauches potentielles. Un chiffre en retrait de -12,5% par rapport à 2024 qui devrait concerner l’ensemble des secteurs d’activité, depuis les services aux particuliers (–8,4%) jusqu'aux métiers de la construction (-22%). Au total, sur 217 métiers passés au crible, seule une vingtaine devraient connaître une évolution positive et notamment les infirmiers et sages-femmes (+4,9%), les aides-soignants (+3,9%) ou encore les agents hospitaliers (+1,1%).

En parallèle, alors que le volume d’embauches anticipées se restreint, la moitié de ces projets de recrutement sont jugés difficiles par les employeurs, soit 7 points de moins qu’en 2024. La baisse est notable dans le secteur immobilier (-11,8 points) ainsi que pour les métiers de services scientifiques, techniques, administratifs et de soutien de la construction (-10,3%). Un constat que l’on retrouve dans les secteurs du commerce de détail et de l’hébergement restauration. Parmi les métiers les plus recherchés en 2025, on trouve ceux de l’agriculture avec 92.900 projets de recrutements d’agriculteurs identifiés et 86.000 concernant les viticulteurs et les arboriculteurs. Des recrutements à propos desquels l’enquête de France Travail souligne qu’ils sont majoritairement saisonniers ; phénomène également observable dans la restauration : 107.000 projets de recrutements dans le service, 103.000 comme aides de cuisine et employés polyvalents ou encore 56.000 cuisiniers. A contrario, le nombre de projets de recrutement non saisonniers est en forte baisse par rapport à 2024, à 1,68 millions (-14%), même s’ils représentent toujours près de 70% du total des projets de recrutement en 2025.

Les services, premier secteur en termes d’intentions d’embauche

Au total, le niveau des intentions d’embauches en 2025 est sensiblement équivalent à celui de 2019, après 4 ans de fluctuations à la hausse puis une décélération notable en 2024 : 24% seulement des établissements interrogés prévoient d’embaucher en 2025, soit une baisse de 4,1 points par rapport à 2024. Une baisse davantage marquée dans les PME/TPE que dans les grandes entreprises. Dans les services, France Travail comptabilise 1 million de projets de recrutement dans les services aux particuliers (-8,4%), soit le premier secteur en termes d’intentions d’embauches ; la baisse dans la restauration et l’hébergement atteint -12,6% tandis que le secteur social-santé connaît une tendance favorable. On dénombre 564.000 projets d’embauche dans les services aux entreprises (-15,2%) avec une baisse marquée dans les métiers de l’information et de la communication (-21,5%) ou encore dans les activités financières et les assurances (-21,1%). Le commerce accuse en parallèle un recul de -13%, la construction de -22% et l’industrie de -16,5%.

À l’échelle régionale, l’Île-de-France regroupe 440.900 projets de recrutement (-10%), suivie de Auvergne-Rhône-Alpes à 275.200 (-14,5%), Nouvelle Aquitaine à 269.400 (-13,9%), de la région Occitanie à 218.000 (-16,7%) ou encore de Paca avec 220.800 projets identifiés (-10,8%). L'étude montre que les intentions de recrutement diminuent entre 2024 et 2025 dans toutes les régions, de -4,8% en Martinique à -18,0% en Guyane, même si les différences sont moins élevées entre les régions métropolitaines : de -10,0% en Île-de-France à -16,7% en Occitanie. France Travail relève des différences territoriales plus nettes concernant les difficultés de recrutement entre 2024 et 2025 : les régions Paca, Centre-Val de Loire, Corse et Île-de-France anticipent de fortes baisses de ces difficultés (respectivement -13,9 points, -11,5 points, -11,4 points et -11,3 points entre 2024 et 2025) tandis que la Bourgogne-Franche-Comté et la Guyane sont les seules régions à anticiper une hausse (respectivement +1,6 point et +8,6 points). La Guyane cumule ainsi des intentions de recrutement en berne et des difficultés de recruter en hausse. Plus de 59% des projets de recrutement y sont jugés difficile. Un record. Dans l'Hexagone, ces recrutements jugés difficiles sont particulièrement marqués (+ de 55%) dans la façade ouest et en Bourgogne-Franche-Comté.

L’étude renseigne également sur les motifs de recrutement ainsi que sur les difficultés anticipées par les employeurs dans leurs démarches. 41,6% des projets de recrutement en 2025 sont envisagés dans le cadre d’un surcroît ponctuel d’activité, essentiellement dans l’agriculture et l’industrie ; 28,5% pour remplacer un départ ; ou encore 20,5% dans le cadre d’une nouvelle activité, notamment dans le secteur de la construction. À noter cependant que la part des projets de recrutement en CDI progresse de +5,5% en 2025 pour représenter potentiellement 43,8% des embauches. L’enquête BMO permet également d’y voir plus clair sur les difficultés auxquelles les employeurs disent avoir été confrontés : ces difficultés sont attribuées à des candidatures inadaptées pour 75% des employeurs, voire à une insuffisance de candidatures pour 68% d’entre eux. La moitié des employeurs citent la concurrence avec d’autres entreprises comme premier facteur de difficulté à embaucher, voire le manque d’attractivité des postes ou des salaires trop faibles. La pénibilité semble en cause dans 31% des cas. Concernant cette fois-ci les profils, le manque de compétences techniques, le défaut de présentation et de compétences relationnelles touchent 39% des projets de recrutement ; le défaut d’expression écrite ou orale compte pour 23% d’entre eux. Enfin, les deux tiers des employeurs mettent en avant le manque d’expérience professionnelle... ainsi que le manque de motivation des candidats.

› Emploi des cadres : un millésime 2025 incertain

L’Apec présentait début avril ses prévisions de l’emploi des cadres en 2025. Après une "sévère correction" en 2024 (-8%) liée à la contraction des investissements des entreprises - "une première depuis 2009" - la baisse devrait se poursuivre en 2025 faisant repasser le nombre des embauches de cadres sous la barre des 300.000. Le secteur le plus touché en 2024 a été celui des services à forte valeur ajoutée qui a accusé un recul de 10 points, a fortiori dans l’informatique (-18%). En 2025, l’Apec ne prévoit pas de rebond marquant en région, même si une relative stabilité est attendue en Paca, en Corse, en région Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine ou bien encore en Bretagne ; soit des régions qui ont connu en 2024 de forts reculs. En 2025, les territoires les plus touchés seraient ainsi le Grand Est (-7%) et les Hauts-de-France (-6%). Dans les services, les régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, "bastions et moteurs de l’emploi cadre", ne devraient pas être épargnées, souligne l’Apec. La région capitale pourrait ainsi enregistrer une baisse de 4 points pour atteindre 137.500 recrutements, soit toujours près de la moitié des embauches en France. Enfin, s’agissant des régions industrielles, la Normandie qui a accusé en 2024 le recul le plus important (-14% contre -8% en moyenne nationale) ne devrait subir une baisse que de -4% en 2025.