Comment mieux accompagner les demandeurs d’emploi dans une démarche de Validation des acquis de l'expérience (VAE) ? Comment lutter contre le taux d’abandon élevé des parcours VAE ? Pour répondre à ces problématiques, la Région Centre-Val de Loire a lancé en 2021 un appel à initiatives pour "expérimenter de nouveaux modes de VAE".
L’expérimentation d’Eureka Form’action, centre de formation blésois, fait partie des candidats retenus. Son projet ? Une VAE hybride, inversée et collective pour obtenir le titre professionnel "Agent de propreté et d’hygiène".
Sept stagiaires, tous demandeurs d’emploi, ont bénéficié de ce parcours innovant et couronné de succès. « Le taux de certification est de 100 % - c’est-à-dire que tous ceux qui sont passés devant le jury ont obtenu leur diplôme, et quatre stagiaires sont aujourd’hui en emploi. Sur les sept stagiaires, six ont été jusqu’au bout, nous n’avons eu qu’un seul abandon » se réjouit Brigitte d’Hardemare, chargée de mission développement à Eureka Form’action. L’action s’est déroulée du 4 mai au 20 décembre 2022.
VAE hybride, inversée et collective
Associer un accompagnement VAE à une formation : voilà ce qu’est une VAE hybride. Une notion innovante car l’acquisition de compétences ne fait pas partie d’une VAE classique. « Les personnes ont une expérience qui n’est pas forcément suffisante ou adaptée à la certification, explique Brigitte d’Hardemare. La formation permet de leur apporter des compétences ou de les mettre à jour – les référentiels évoluent tous les cinq ans. Cela permet également d’enlever toutes les mauvaises habitudes - la dilution d’un produit sans mesure notamment - mais aussi de les préparer aux sensibilités du jury : par exemple utiliser moins d’eau ou de produits car le développement durable est devenu très important. »
Autre innovation : la VAE inversée. « Il faut minimum 1 607 heures d’expériences dans le domaine pour obtenir sa VAE. L’idée de la VAE inversée c’est que nous n’attendons pas que les personnes aient l’expérience suffisante pour lancer le processus : ils acquièrent les heures manquantes pendant qu’ils font leur VAE grâce à la formation mais aussi par des stages ou des missions en entreprise. » Eureka Form’action a ainsi estimé que son parcours pouvait apporter 200 heures d’expériences. Le prérequis pour les stagiaires était donc d’avoir au moins 1 400 heures. Pour confier des missions ou des stages aux stagiaires, l’organisme de formation pouvait notamment compter sur Eurêka Services, une structure d'insertion par l'activité économique.
La notion de VAE collective est plus simple mais loin d’être anodine : « Avoir un groupe vivant permet de créer de l’entraide et ainsi de limiter l’abandon des personnes, assure la chargée de mission. Une VAE hybride, inversée et collective, il faut vraiment tous ces aspects pour que le parcours soit efficace. »
Un parcours de formation entièrement individualisé
Prévenir les risques et travailler en sécurité, réaliser le bionettoyage en environnement spécifique dans le respect des protocoles mais aussi remise à niveau en français et mathématiques, initiation au numérique… Voilà quelques exemples de modules au programme de la formation. « Le parcours était entièrement individualisé et s’adaptait aux besoins de chacun. Si une personne n’avait pas besoin d’une remise à niveau en français, elle ne suivait pas le module. »
En plus de la formation, les stagiaires ont pu réaliser un stage, s’entraîner sur un plateau technique, passer des jurys blancs et bénéficier d’un accompagnement VAE de 24 heures par un coach. Suivi individualisé pour la réalisation du livret 1 (dossier de recevabilité) et du livret 2 (dossier de validation), entrainement aux épreuves : « Le rôle du coach a été essentiel : s’il n’est pas là, le taux d’abandon devient tout de suite plus important, assure Brigitte d’Hardemare. En plus de motiver les bénéficiaires, il apportait également un regard complémentaire et orientait l’équipe pédagogique. »
Rendre la VAE attractive
« Un accompagnement individualisé basé sur l’expérience des personnes et sur ce qu’ils savent faire, un coach, un groupe… Cette formule permet de limiter les abandons et de faire entrer des personnes dans un cursus de formation qu’ils n’auraient pas fait autrement. C’est aussi une manière de rendre la VAE attractive » résume la chargée de mission. Elle souligne néanmoins que le dispositif est plus long et plus coûteux qu’un accompagnement VAE classique.
Financée par la Région Centre–Val de Loire et l’Etat dans le cadre du Pacte Régional Investissement pour les Compétences, l’expérimentation d’Eureka Form’action est reconduite pour une nouvelle session qui débute ce mois de février. « Nous travaillons aussi à l’adapter pour une formation d’agent de service hospitalier » indique Brigitte d’Hardemare.