Les principaux dispositifs de lutte contre l’illettrisme et de réapprentissage des compétences de base en Centre-Val de Loire
Depuis janvier 2015, suite à la loi du 5 mars 2014 qui transfert la compétence de la formation des publics en situation d’illettrisme aux conseils régionaux et à la disparition du dispositif "compétences clés" de la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi), les "visas libres savoirs", du Conseil régional Centre-Val de Loire, ont représenté jusqu’en 2020 le seul dispositif "de masse" ouvert aux personnes en situation d’illettrisme en région. En 2021, le Conseil régional a renouvelé et amplifié son action dans le domaine de la lutte contre l’illettrisme en introduisant de nouvelles actions de formations pour les personnes en situation d’illettrisme dans son programme régional de formation 2021-2024 : les actions remise à niveau/illettrisme.
Certains conseils départementaux financent des ateliers "savoirs de base", principalement en milieu rural. Dans ce cadre, les personnes en situation d’illettrisme peuvent être prises en charge en relation duelle (un formateur, un apprenant) par des réseaux de bénévoles.
Des actions de formation sont également financées par les DDCSPP (Directions départementales de la cohésion sociale et protection des populations), les villes/agglos dans le cadre de la politique de la ville.
Pour prendre en compte les évolutions liées au décret n° 2015-172 du 13 février 2015, proposé par les partenaires sociaux, qui prévoit la mise en oeuvre d’un socle de connaissances et compétences professionnelles dénommé CLéA, la Région apporte dans sa commande 2017/2020, des évolutions dans son offre des visas par leur structuration et leurs contenus afin de créer des articulations étroites et des passerelles, avec ce socle CLéA afin de garantir une offre pertinente et adaptée aux spécificités des besoins des publics fragilisés.
CLéA est géré par Certif'Pro, l'association paritaire nationale des certifications professionnelles. Ce certificat professionnel permet d’assurer, dans le cadre du CPF (Compte Personnel de Formation) et en partenariat avec le Conseil régional et Pôle emploi, la formation et la certification des salariés et des demandeurs aux compétences de base.
Le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) a développé en région des dispositifs de formation, notamment à destination des agents des collectivités locales en situation d’illettrisme.
Pour aller plus loin :
- Les actions de formation "lutte contre l’illettrisme" en Centre-Val de Loire
- Les visas "libres savoirs" du Conseil régional
- Le CLéA
Les actions de prévention et de lutte contre l’illettrisme hors formation "classique"
Les DDCSPP et certaines collectivités territoriales (conseils départementaux, villes, communautés d’agglomérations) sont actives dans le domaine de l’insertion des personnes en difficulté avec les compétences de base notamment au travers du financement des bilans de compétences de base dans le cadre de la politique de la ville et de l’insertion professionnelle des bénéficiaires des minimas sociaux.
Depuis 2015, suite au transfert des crédits "compétences clés" de la Direccte, le Conseil régional finance lui aussi des bilans de compétences de base.
Les centres de bilans de compétences de base peuvent être utilement mobilisés pour aider les personnes à se situer par rapport à leurs projets, objectifs, expériences et compétences. Ils sont un appui pour les conseillers et médiateurs (SPRO, Pôle Emploi, Missions locales…) pour mieux orienter les publics vers les actions correspondant à leurs besoins et demandes.
Ils ont pour objectif de diagnostiquer les acquis et besoins en matière de compétences de base de jeunes et d'adultes suivis par les agences locales de Pôle Emploi, les missions locales, les services sociaux...
Ils sont hébergés au sein des Cria (Centres de Ressources Illettrisme Analphabétisme). Il en existe un par département.
Dans les domaines de la prévention de l’illettrisme et de l’accès à la lecture, les principaux financeurs de dispositifs ouverts aux publics en situation d’illettrisme sont la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), la DRJSCS (Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale) /DDCSPP et le CGET (Commissariat général à l’égalité des territoires) pour l’Etat, les collectivités territoriales (conseils généraux, villes, communautés d’agglomérations) et les Caf (Caisses d’allocations familiales).
Ces dernières institutions ou administrations financent également, à petite échelle et en partenariat avec l’Education nationale, les actions éducatives familiales qui ont pour public cible les parents en situation d‘illettrisme.
Notons également l’apport significatif de certaines fondations d’entreprise à la lutte contre l’illettrisme et à sa prévention, qui soutiennent des actions diverses sur le territoire régional (fondation Caisse d’épargne Loire-Centre, fondation SNCF, fondation Vinci pour ne citer que les plus actives en Centre-Val de Loire).
La définition de l'illettrisme a évolué au cours des années. Celle de l'Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme est maintenant reconnue par tous les acteurs en France.
UNESCO : analphabétisme fonctionnel (1958 et 1978)
- Définition de 1958 :
« Est fonctionnellement analphabète toute personne incapable de lire et d’écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne. »
- Définition de 1978 :
« Est fonctionnellement alphabétisée toute personne capable d’exercer toutes les activités pour lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer en vue de son propre développement et de celui de la communauté. »
OCDE littératie (1995)
La littératie est « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. »
Cinq « niveaux de littératie » ont été déclinés.
GPLI : situations d’illettrisme (1995)
« Le GPLI considère comme relevant de situations d’illettrisme des personnes de plus de seize ans, ayant été scolarisées, et ne maîtrisant pas suffisamment l’écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans leur vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle. Ces personnes, qui ont été alphabétisées dans le cadre de l’école, sont sorties du système scolaire en ayant peu ou mal acquis les savoirs premiers pour des raisons sociales, familiales ou fonctionnelles, et n’ont pu user de ces savoirs et/ou n’ont jamais acquis le goût de cet usage. Il s’agit d’hommes et de femmes pour lesquels le recours à l’écrit n’est ni immédiat, ni spontané, ni facile, et qui évitent et/ou appréhendent ce moyen d’expression et de communication. »
ANLCI (2003)
"L’illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu'ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples.Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d'autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc. Malgré ces déficits, les personnes en situation d'illettrisme ont acquis de l'expérience, une culture et un capital de compétences en ne s'appuyant pas ou peu sur la capacité à lire et à écrire. Certaines ont pu ainsi s'intégrer à la vie sociale et professionnelle, mais l'équilibre est fragile, et le risque de marginalisation permanent. D'autres se trouvent dans des situations d'exclusion où l'illettrisme se conjugue avec d'autres facteurs."